Chez moi c’est le boulevard de la coiffure, manucure et pédicure: Le carrefour Anatole

Article : Chez moi c’est le boulevard de la coiffure, manucure et pédicure: Le carrefour Anatole
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19 septembre 2014

Chez moi c’est le boulevard de la coiffure, manucure et pédicure: Le carrefour Anatole

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image prise sur google
« Coiffer Madame, coiffer ma chérie, on fait les ongles ? ». Voici le cri qu’on entend lorsqu’on se rend au marché Central de Douala et précisément au lieu dit « carrefour Anatole ».
Elles y sont installées par dizaines, centaine même car on ne compte plus le nombre de voix qui interpellent ces dames venues faire leurs emplettes en ce lieu. Des femmes de tous les âges occupent cet espace dédié au passage public dans le but de se faire le maximum de clientes possible en une journée. Exposées à toutes les intempéries de la nature et même de la cohabitation entre elles et d’autres commerçants du marché qui est quelques fois conflictuelle, elles résistent car elles ont chacune une bonne raison d’être à cet endroit : Gagner leur vie. Gagner leur vie sans porter atteinte à celle d’autrui. Ici, vous pouvez vous faire faire tout type de coiffure (Rastas, tissage, babyliss, crête, etc…) mais aussi des soins (manucure, pédicure, soins du visage). C’est sur le long des trottoirs qu’on les retrouve la plupart du temps. Elles bondent ainsi la rue et même les allées du marché à la «chasse aux clientes ». Certaines même sont installées à une proximité non négligeable des bacs à ordures.
Ces coiffeuses et esthéticiennes ambulantes, ont pour la plupart travaillé auparavant dans un salon de coiffure ou en ont possédé un elles-mêmes. Rosette, coiffeuse au marché depuis 3ans maintenant nous confie qu’elle a travaillé dans un salon de coiffure avant de décider de s’installer à son propre compte. Pour raison ; elle gagnait 45.000frs par mois dans ce salon qui ne lui appartenait pas et estime qu’au marché elle fait plus de recettes car à la fin du mois après avoir déposé sa cotisation journalière (environ 40.000frs mensuel) et défalqué ses frais de restauration, elle se retrouve encore avec un peu d’argent et estime mieux gagner sa vie de la sorte. Flore par contre avait son propre salon de coiffure qu’elle a décidé de fermer suite aux nombreuses charges qui affectaient ses recettes mensuelles. Elle pense que ce serait mieux de se produire au marché car là les frais de stationnement y sont négligeables. Le ticket du marché ne coûte que 100frs par jour en plus du bimensuel versé à la communauté urbaine de Douala qui vaut 250frs.
Ces « fées beauté », ont de nombreuses difficultés à surmonter sur leur site de travail. L’insalubrité en est l’un des premiers. Ces coiffeuses alignées le long de la route et du marché sont pour la plupart installées devant, derrière ou à côté d’un bac à ordures. Quand ce ne sont pas les bacs à ordures qui les jouxtent, ce sont des flaques de boue ou tout autre tas d’immondices nocifs pour la santé. Pour pallier à cela, les commerçants du marché et nos coiffeuses se sont associés afin d’organiser un service de ramassage et d’assainissement des lieux par un personnel désigné à qui ils doivent chacun verser 100frs. Mais cela ne suffit pas à faire régner la paix en ces lieux ! Certaines coiffeuses se retrouvent à faire le nettoyage elles-mêmes et à se faire harceler par le nettoyeur qui nie n’avoir pas fait son travail. La rivalité également entre nos fées est omniprésente. Les clientes sont peu nombreuses à en croire Flore qui nous confie que par jour elle coiffe au maximum deux personnes et que certains jours, elle ne coiffe pas du tout. Elle retourne donc chez elle comme elle en est venue.
Le prix des coiffures varie entre 1000frs et 3500frs (toutes catégories confondues). Quant aux soins de pieds et de mains, le prix est compris entre 300frs et 2000frs selon si on vous place de faux ongles ou pas et si on les traite ou non. La pose de cils se fait également chez nos dames. Ce qu’il y a à retenir c’est que les prix n’y sont pas vraiment différents des salons de coiffure ordinaires et les services encore moins ! Ces coiffeuses-esthéticiennes dont les femmes ne peuvent plus se passer dans la ville de Douala, bravent avec courage et détermination toutes les épreuves auxquelles elles sont exposées au quotidien. La plus récurrente reste celle du ratissage des trottoirs et des allées du marché par les services de la Communauté Urbaine de Douala. Que deviendraient nos fées beauté si jamais cela venait à se produire ? La CUD aurait-elle un plan de recasement pour elles ? Seul l’avenir nous le dira.
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